Texte à méditer :  "Nulle part l'homme ne trouve de plus tranquille
et de plus calme retraite que dans son âme"
   Marc-Aurèle (IIè s. ap. J.-C)

palette.gifArts de l'image - Grande ville d'Otto DIX

HDA - Fiche de synthèse

Pour analyser une œuvre


Thématique : Arts, guerres et fantaisie aux XXe et XXIe siècles

Période : XXè siècle - entre-deux-guerres

Domaine concerné : Art visuel - Arts de l'image

Etudiée en : français

Dix-tryptique_Metropolis-1928.jpg

I. Identifier et présenter l’œuvre (informations générales) :

Titre :Grande ville ( Grostadt)

Artiste : Otto DIX

Nature de l’œuvre : Peinture sur bois (triptyque)

Date de réalisation et période  :1927-1928

Mouvement artistique auquel l’œuvre est rattachée :Expressionnisme allemand ou Nouvelle objectivité NeueSachlichkeit

Lieu d’exposition actuel : Städttische Galerie, Stuttgart, Allemagne


 

II.  Connaître l’artiste (dates, nationalité, caractéristiques de son œuvre, mouvement(s), centres d’intérêt artistiques) :

Otto DIX (1891- 1969), peintre allemand. Dans les 20’s, il participe au mouvement dadaïste[1], mais crée en 1923, avec G. Grosz, un groupe, la Nouvelle Objectivité ( NeueSachlichkeit). Il se consacre en particulier à la représentation de l’ambiance berlinoise d’après guerre dont il dénonce la violence, l’hypocrisie et l’immoralité. Il choisit de montrer la réalité dans ce qu’elle a de plus crue et de plus impitoyable.

Il a lui-même participé à la 1ère GM, comme soldat dans les tranchées sur les fronts russe et français (il y sera blessé deux fois). Pendant cette période, il parvient à produire des centaines de dessins qui rendent compte du traumatisme effroyable de cette guerre.

Après la  guerre il continue à peindre, étudie les peintres italiens de la Renaissance, et est nommé professeur à l’Académie des Beaux-Arts de Dresde en 1927. Lors de la montée du nazisme en Allemagne, il est destitué de son poste en tant qu’artiste « dégénéré », 250 de ses œuvres sont confisquées. Mobilisé pendant la 2ème GM, il est fait prisonnier à Colmar et libéré en 1946.

Il s’installe sur les rives du lac de Constance après la guerre et se consacre à une interprétation personnelle des thèmes religieux.



[1]Mouvement artistique d’avant-garde, né dans les années 1916-1922 à  New-York et Zurich. Le refus des valeurs et des modèles de la culture traditionnelle réunit des peintres, des critiques, des écrivains, des musiciens qui ont vécu les horreurs et l’absurdité de la guerre.

Collages, refus de l’illusion perspective, rejet des formes et du sens, liberté des moyens d’expression caractérisent la création dadaïste.

   


 

IIII.  Connaitre l’œuvre  et la comprendre : observer, décrire et expliquer

1.      Décrivez l’œuvre de manière générale : que voit-on ? Qu’est-ce que l’artiste a représenté ? qui ? quoi ? où ? action ? décor ? premier plan/ arrière-plan ?

Grande ville est un triptyque qui permet à l’artiste de confronter deux univers : celui de la rue et celui du cabaret.

Au centre, on voit des danseurs, des musiciens dans une ambiance apparemment festive. 

A gauche, une rue pavée, une sorte de porche ou arcade d’où arrive, au premier plan un mutilé de guerre à qui il manque les deux jambes, attaqué par un chien ; on devine derrière un autre homme couché à terre. Ces deux hommes sont en costume militaire, peut-être viennent-ils d’être démobilisés ? Ils regardent des femmes, sans doute des prostituées qui les aguichent.

A droite, une rue où on retrouve un mutilé de guerre, en costume civil cette fois, assis. Il n’a plus de jambes et montre ses moignons, il a également une sorte de bandeau qui cache sans doute une blessure au visage, comme pouvaient en avoir les « gueules cassées ». Il se tien là, personne ne le regarde parmi les femmes qui passent devant lui. On peut voir ici l’opposition entre des matières riches (marbre, fourrure, architecture complexe, masques) et la misère évidente de cet homme (costume usé), opposition entre l’amusement et le réflexe du salut militaire.

 

2.      Analyser et interpréter, regarder plus en détail pour comprendre l’œuvre : comment est elle faite ? Expliquer les choix de l’artiste, l’effet provoqué.


Nature de l’oeuvre

 

Tableau en triptyque qui vient de la tradition des retables[2]

Formes

utilisées,style

DIX délaisse un peu le réalisme de la Nouvelle Objectivité dans ce tableau et se rapproche du maniérisme de la Renaissance (XVIe) dans le sens où DIX s’attache davantage à des représentations figuratives dans lesquelles transparait l’art du peintre, sa technique.

Couleurs ou les valeurs choisies

Les couleurs chaudes dominent dans la partie centrale, les noctambules semblent danser au-dessus d’un volcan ou  dans un univers quasiment infernal.. Les ors, les rouges, les cuivres dominent pour rendre l’impression de bruit, de chaleur, d’agitation frénétique

Matières matériaux utilisés

Peinture à l’huile sur bois

 

 

Dimensions de l’oeuvre

2 tableaux de 101 cm x 181 cm + 1 tableau central de 200 cm x 181 cm, soit un total de 402 cm sur 181 cm.

Techniques, les outils, le support utilisés

Peinture en glacis = superposition de fines couches de peinture pour susciter transparence et profondeur. Le support est constitué de panneaux de bois peints.

Composition choisie

Lecture de gauche à droite du tableau, qui forme un tout :

Partie de gauche : la rue, mais tout concourt à conduire le regard vers l’arrière plan, fenêtre rouge qui peut être le cabaret de la partie centrale. Le bas de la robe rouge, le trottoir rouge, puis le rideau rouge, la main de la femme montre cet endroit au fond.

Partie centrale : orchestre d’un côté, danseurs au centre, spectateurs à droite. C’est l’arrivée du jazz, des musiciens noirs, des robes courtes, des coiffures à la garçonne,  danses où le corps est désarticulé (femme de dos dont la pose est un peu ridicule). On remarque que personne ne se regarde dans cet univers où personne ne sourit : fausse joie, plaisirs inauthentiques.

Partie de droite : Sorte de pyramide de femmes : le col de la femme au premier plan rappelle la fourrure dans la partie de gauche, ses chaussures bleues, rappellent celles de la danseuse désarticulée.

Présence des mutilés dans les deux panneaux latéraux.

Cohérence de l’ensemble.

 

 

 

[2]C’est la partie postérieure et décorée d’un autel. Les retables sont généralement des panneaux peints ou sculptés,  en plusieurs parties (polyptiques)  représentant des scènes religieuses, bibliques.

 

IV.  Autour de l’œuvre : connaître le contexte artistique, social, économique ou historique, les anecdotes sur son histoire ou sa fabrication.

Le contexte est celui des années folles, l’entre-deux-guerres, l’arrivée du jazz. L’Allemagne a subi la défaite de 1918, les humiliations et les traumatismes sont profonds. Les peintres, qui ont bien souvent vécu eux-mêmes les horreurs de la Grande Guerre, se tournent vers une expression plus réaliste, plus clinique du réel, veulent dénoncer les conventions mensongères et rendre compte des angoisses de leur époque. Ils n’accordent une importance à la figure humaine que pour mieux la tourner en dérision.

Ainsi Otto DIX exclut de ses portraits toute trace de sentimentalité et le réalisme accordé aux détails se teinte souvent d’une certaine morbidité.

L’œuvre de DIX est révélatrice d’une attente des artistes des 30’s qui affirment que leur époque est celle d’une transition entre deux civilisations et non une fin en totale rupture avec les siècles précédents.

 

V.             Comparer l’œuvre avec d’autres œuvres : titre, nom de l’artiste, date + ce que nous apprend la comparaison (voir les images dans l’annexe).

 

a)      La guerre et l’entre-deux-guerres en Allemagne :

-        Otto DIX,La Guerre, 1929-1932, tableau dans lequel s’exprime la violence des combats et la vision apocalyptique de la guerre

http://fr.wahooart.com/Art.nsf/WebListe_FR?SearchView&Query=otto,dix

-        Ernst Ludwig Kirchner, L’Autoportrait en soldat, 1915, tableau dans lequel l’artiste s’est peint mutilé à une époque où il est mobilisé. C’est l’angoisse de la mort ou de la blessure que peut éprouver un homme qui va partir à la guerre. C’est une image sombre qui dément la propagande en faveur de la guerre exaltante, glorieuse et héroïque.

http://fr.wahooart.com/Art.nsf/WebListe_FR?SearchView&Query=ernst,ludwig%20kirchner

-        Max Beckmann, La Nuit, 1918-1919. Ce tableau montre avec beaucoup de violence et de réalisme la crise de l’entre-deux-guerres en Allemagne.  Cette scène de torture froide et méthodique annonce la terreur nazie dans l’Europe occupée et "l’industrie de la mort" où la science sera mise au service de l’extermination.
Comme dans le Guernica de Picasso, 1937, la violence de la guerre s’étend aux sphères de la vie privée.

http://fr.wahooart.com/Art.nsf/WebListe_FR?SearchView&Query=max,beckmann

-        George Grosz, Scène de rue à Berlin, 1930. Le peintre souligne ici la violence de l'Allemagne des années trente et l'ambiguïté d'un pays où la richesse des uns ignore la détresse des autres.

 

b)     La femme dans les années 30’s :

Tamara de Lempicka, Mon portrait, 1929. Peintre polonaise, Tamara de Lempicka incarne dans sa peinture l’esprit Art Déco des années folles.Regards interrogateurs et sensuels, bouche pulpeuse pour les femmes et pincée pour les hommes, couleurs vives, mises en valeur par des fonds gris ou noirs, on reconnaît d’emblée le style de cette peinture où on retrouve une stylisation néo-cubiste.http://www.repro-tableaux.com/a/tamara-de-lempicka.html

 

VI.       Conclusion : quel est le sens de cette œuvre ?

 

1.Quelle était l’intention de l’artiste ? Qu’a-t-il voulu exprimer ?

Otto DIX a voulu dénoncer la laideur et l’hypocrisie des plaisirs factices de la ville dans ces scènes nocturnes où se mêlent bourgeois, invalides et prostituées. Il a voulu montrer aussi une société compartimentée où seul l’argent et la distraction comptent, une société oublieuse de ceux qui, comme DIX, se sont battus pour leur pays, et qu’on ignore.

 

2. Que nous apprend  cette œuvre sur le rôle de l’art ?

L’art n’a pas uniquement pour rôle de représenter.  Le peintre choisit aussi de peindre pour dénoncer – c’est la posture du satiriste - ou, comme Otto DIX le dit lui-même, pour exorciser ses cauchemars. Il s’agit d’exprimer le dégoût de la guerre, la répulsion pour la violence et le refus de toute idéalisation.

 

VII.        Donnez votre avis sur l’oeuvre, argumentez : qu’avez vous pensé ou ressenti en voyant l’œuvre la première fois ? Pourquoi ? Votre avis a-t-il changé après l’étude ?


  VIII. Liste du vocabulaire à connaitre et à utiliser pour l'analyse de l'oeuvre


Expressionnisme – Maniérisme – retable – triptyque - polyptyque - glacis - Nouvelle Objectivité


  IX.     Annexe : images des références complémentaires, citations, images d’autres œuvres de l’artiste ou des œuvres à comparer, bibliographie, sites internet                                     

 

 la-guerre-otto-dix.jpg

Otto DIX,  La Guerre, 1929-1932

 

 M-8-Autoportrait_en_soldat-KIRCHNER-1915-2.jpg

 

Beckmann_die_Nacht_La-Nuit.jpg 

 Max Beckmann, La Nuit, 1918-1919

groszberlin.jpg

George GROSZ, Scène de rue à Berlin, 1930

Tamara-de-Lempicka-Jeune-femme-a768-la-robe-verte.jpg

 

 Tamara de Lempicka, Jeune fille en vert, 1932

 

 

 

 

 

 

 




Date de création : 09/02/2014 @ 13:08
Dernière modification : 09/02/2014 @ 13:29
Catégorie : Arts de l'image
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