Repères sur la narration
1. L’énonciation
a) L’énoncé : tout texte, écrit ou oral, qui a un sens
b) L’énonciation : qui parle à qui ?
c) La situation d’énonciation : ce sont les circonstances dans lesquelles est produit un énoncé : temps, lieu, cause…
Pendant longtemps – plus d’un mois -, la même scène se répéta chaque jour. L’officier frappait et entrait. | « On ne va pas se disputer une fois de plus pour ce vieux crabe…. Si je comprends bien, l’air est devenu malsain pour moi ici ? » | Oui, j’ai presque un effort à faire aujourd’hui pour comprendre, comme je le comprenais alors, qu’un homme pût être si mortellement découragé qu’il lui fût impossible, pendant des semaines, de sourire. |
Enoncé coupé de la situation d’énonciation Indices : - récit à la 3ème personne - récit au passé | Enoncé ancré dans la situation d’énonciation Indices : - récit à la 1ère personne - récit au présent - indication de lieu « ici » | La double énonciation (caractéristique de l’autobiogrpahie) Indices : - Verbe au présent « j’ai » qui fait référence au moment de l’écriture - « aujourd’hui » » qui fait référence au moment de l’écriture - verbe au passé « comprenais » qui est coupé de l’énonciation - « alors » est un indice de temps coupé de la situation d’énonciation (= il y a longtemps) |
Þ Enoncé ancré dans la situation d’énonciation = énoncé qui a pour point de repère ici et maintenant (lettre – autobiographie) Þ Enoncé coupé de la situation d’énonciation = tous les autres énoncés au passé, à la 3ème personne (roman – nouvelle) |
2. Les points de vue (ou focalisation)
Maman avait mis un pot de géranium à la fenêtre de la cuisine, comme chaque fois que papa sortait. C’était un peu drôle. | La route s’engageait sous les arbres. La plupart étaient encore sans feuilles. Quelques-uns verdoyaient un peu, des petites feuilles d’un vert très propre et très clair. | On les démobilisa le 3 août au matin. Un train était formé, pour les libérés parisiens, le soir même. Ceux qui voulaient rentrer devaient se décider sur l’heure…Ce fut pour Dacosta une décision angoissante : allait-il se fourrer dans les pattes des Fritz ? |
Point de vue interne (= celui du petit garçon) Indices : - « maman » - « drôle » | Point de vue externe Indices : - texte descriptif - regard objectif sur le paysage - le narrateur n’intervient pas pour donner ses impressions ou ses sentiments | Point de vue omniscient qu’on appelle aussi focalisation 0 Indices : - récit à la 3ème personne - le narrateur est partout à la fois, il sait tout, voit tout - le narrateur connaît les pensées de son personnage |
3. Le rythme du récit
a) Temps de l’histoire et temps du récit :
¨ le temps de l’histoire est le temps réaliste, réel cad le nombre de minutes qu’il faut pour accomplir une action
¨ le temps du récit est le temps, cad le nombre de pages, que le narrateur choisit de consacrer à la narration de cette action : récit détaillé, qq mots ou encore rien.
b) Quand le temps de l’histoire coïncide avec le temps du récit = c’est une scène
c) Quand on supprime du récit toute une partie de l’histoire = c’est une ellipse narrative
d) Quand on accélère le temps du récit = c’est un sommaire
Pendant longtemps – plus d’un mois -, la même scène se répéta chaque jour. L’officier frappait et entrait. | Ce fut trois jours plus tard que, à peine avions-nous vidé nos tasses, nous entendîmes naître, et cette fois sans conteste, approcher le battement irrégulier des pas familiers. | La cape glissa sur son avant-bras, il salua militairement et se découvrit. Il se tourna vers ma nièce, sourit discrètement en inclinant très légèrement le buste. Puis il me fit face et m’adressa une révérene plus grave. Il dit : « Je me nomme Werner von Ebrennac. » |
SOMMAIRE | ELLIPSE NARRATIVE | SCENE |
4. L’ordre de la narration
Je n’ai pas toujours été le bourgeois bedonnant que vous voyez. Je n’ai pas toujours été gérant d’immeuble … »Ce jour-là…ou plutôt cette nuit-là, nous étions une demi-douzaine à avoir bien bu et bien chanté chez Balazuc, vous savez, rue de beaux-Arts… | « C’est quand Hitler est venu à Paris , en 41. Vous savez. Il est arrivé à cinq heures du matin. … Il s’est fait conduire à l’Opéra, dans la salle. La salle de l’Opéra à six heures du matin… Mais tout ce la n’est survenu qu’après. Ce que je veux vous raconter se passe d’abord, dès son arrivée. |
Le narrateur interrompt son récit pour remonter dans le temps Il s’agit d’une ANALEPSE ou retour en arrière (i flash-back est un terme cinématographique) | Le narrateur interrompt son récit pour anticiper sur ce qui va se passer plus tard Il s’agit d’une PROLEPSE ou projection dans l’avenir, une anticipation |
5. Les registres
a) Définition : le registre est aussi appelé TONALITE d’un texte, cad l’atmosphère ou l’ambiance qui se dégage d’un texte - ou d’une partie du texte – et qui doit susciter chez le lecteur certaines émotions. Pour cela l’écrivain possède des outils comme les figures de style, la variété du lexique et des niveaux de langue, le jeu sur les tournures de phrases (la syntaxe), le recours aux différentes sortes de discours, la mise en scène des personnages, les thèmes…
b) Quelques registres :
- Comique : suscite le rire, l’amusement, la joie
- Epique : suscite l’admiration envers le héros
- Fantastique : suscite la peur, le doute, l’incertitude face à des situations surnaturelles au sein du réel
- Lyrique : suscite l’empathie pour l’auteur qui partage ses sentiments avec le lecteur
- Pathétique : suscite la pitié et la compassion
- Polémique : suscite la colère, l’indignation
- Tragique : suscite la terreur et la pitié pour le héros qui ne peut échapper à un destin funeste
c) genres et registres
Certains registres sont, à l’origine, directement liés à des genres littéraires ; pour autant on peut les rencontrer dans d’autres genres que ceux auxquels ils sont liés à l’origine.
Les registres peuvent aussi se combiner dans un même texte.
Théâtre | Poésie | Nouvelle |
Tragique Comique | Lyrique Epique | Fantastique |